Zaz, William Creek - Algebuckina :
William Creek – Algebuckina
La nuit fut douce comme d’habitude, juste interrompue de temps à autre par des pauses pipi et quelques ronflements d’un côté comme de l’autre. Il est décidé de monter vers Oodnadatta (entrainez-vous, c’est pas facile à prononcer…) mais de dormir hors des sentiers battus un peu après la moitié du chemin.
Il ne reste plus qu’à trouver les zones potentielles. La première, sympa, sous un grand pont en fer, dans le lit d’une rivière, parfait mais un peu trop loin d’Oodnadatta (on répète…), on continue : là, pas top, là, trop près de la route. On joue entre les appli de camping et Maps Offline pour le tout, bien sûr car pas un poil de réseau… Moi, j’ai mon idée, j’ai repéré sur Maps un site sous un pont aussi, allez, GO !
Arrivé sur place, trop top ! Juste un campeur au début du chemin, on file tout au bout, près du pont, et on étudie le terrain, car pas très plat. Je vote pour « juste à côté de la rivière », Thierry vote pour « plus haut, un peu plus loin », comme d’hab, je gagne, je ne sais plus trop sur quels arguments, et on plante la tente. Quel calme…. Pendant 3 minutes… il est midi et le défilé des camping-car, motos, caravanes, 4x4 et autres engins inventés par les australiens défilent sans fin… Beaucoup pour voir le pont, d’autres pour s’installer pour la nuit. En bons français, on râloche un peu sur notre super plan qui devient vite un petit village… mais bon, on ne redéménage pas…
On observe les mouvements, on avoue que les australiens sont top parce qu’ils sont tous bien loin les uns des autres, on monte voir le pont du dessus, on fait la pause sur nos super chaises.
Vers 16h, le soleil se couchant vers 17h15, je secoue Thierry et lui laisse le choix : « refill » des matelas pour ajuster le gonflage ou mise en place des lingettes jaune fluo pour signaler les sardines pour la nuit (trèèèès pratique pour ne pas grommeler encore après un doigt de pied tout rouge…).
Il choisit les lingettes, et je passe sous la tente avec le gonfleur.
Pause suspens : on est ravis de la tente, des matelas, des duvets, du gonfleur, des bouillottes, de la petite lampe, des bonnets, des sweet-shirts, des grosses chaussettes … bref, on est ravis de tout.
Allez, on reprend, je passe sous la tente, j’ouvre le zip de la partie nuit et là … j’entends :
-Oh, put… meeeer…. On a un pneu à plat !!!!
-……. ???!!!....
Je sors de la tente (en oubliant de la refermer, on s’en rendra compte 2h plus tard…), mon regard descend direct sur le pneu observé par Thierry…. Pas de doute… il est bien à plat, totalement…..
-Et meeeee……..
Sachant que c’était notre plus grande inquiétude depuis le début, qu’on redoutait ça, et que ça nous arrive « in the middle of somewhere » comme c’était écrit à William Creek, que le premier village est à 60km, qu’on est au fond d’un lit de rivière chaotique, et qu’il fait nuit dans une heure…. On est bien tintin, on est bien…
Ok, on respire, je ne cherche pas cent sept ans, et je monte le terre-plein pour aller direct sur les 2 pick-up et leurs tentes :
-I’m so sorry, we have un flat tyre, we are french and it’s our first travel with this campervan, we don’t know how to do…. Can you help us ?? (avec les yeux du chat potté bien sûr…)
-You’re french people ?
-Yes, from Paris…
-She’s from Lyon « prononcez LAÏONNE »
Je me tourne vers la dame :
-Oui, je viens de Lyon, un problème ?
Donc, on a une traductrice, cool, plus facile…
Et là, la fameuse entraine du bush dont on a toujours entendu parler et qu’on entretient à base de « coucou » à chaque voiture croisée (on a découvert de nouveaux muscles ?? sûr…), et bien, elle se met en branle…
Ni une ni deux, les 2 hommes assis pour l’apéro sont debout, le nez dans leur coffre, sortent 2 trousses à outils, la femme suit avec une petite lampe, et Dominique (la lyonnaise) papote avec nous comme si de rien était.
On arrive en bas avec elle, et nos 2 héros sont déjà à plat dos sous Chouchou pour voir de quoi il retourne.
État des lieux : On savait qu’on avait une roue de secours sous la bête, car on avait vu un trou dans le petit coffre, et on avait penser que ça devait servir à dévisser et faire descendre la roue.
On n’avait pas vu de cric ni de manivelle ni autre outils….
Je chatouille à nouveau Chouchou à le faire rigoler si la situation l’avait permis, en fouillant partout…
Je découvre le sac avec des tiges, chance !
Les dieux de la mécanique tritouillent, essayent avec le propre matériel, et finisse par trouver quel crochet va dans quel trou….
En 2 secondes, leur propre cric est en place, la roue est démontée, la deuxième apportée, et bientôt en place… pas le temps de respirer, ils sont trop rapides ! On ne fait que regarder, remercier, tenir les lampes et s’assurer que le frein à main est serré !!
3 secondes plus tard, les 2 tornades des garages ont regonflé le pneu crevé, trouvé la fuite, placé une mèche dans le trou à coup de muscles habitués à ce type de travail.
-OK, on revient demain matin, and « we’ll see » !
(parce que je rappelle que la nuit allait tomber, et que ça n’a pas manqué… elle est bien tombée !!).
Bon, les surhommes sont partis, dégoulinants de sueur, comme si c’était on ne peut plus normal.
A l’origine, Thiery avait ramassé des brindilles pour faire notre premier mini-feu de camp, on avait prévu de réchauffer les pâtes en sachet au bain marie (je sais Thérèse !!! mais on fait avec ce qu’on a !!).
Bon, après ce tourbillon, un peu sonnés, on prend les allumettes, on se passe des pâtes et Thierry allume le feu (tout petit feu, rapide, mais c’était notre feu, on en était fiers !).
On essaye de décompresser, moi ça va, Thierry moins bien sûr !!!
2 minutes plus tard, un bruit de pas et une lampe de poche approchent, Dominique nous propose de les rejoindre autour de leur feu pour nous réchauffer un peu… On hésite à peine une seconde, et nous voilà en haut du talus avec nos chaises, autour d’un VRAI feu de bois.
On passera les 3 plus belles heures du séjour à papoter et raconter nos aventures réciproques (les nôtres les font bien rire !), et on s’endormira comme des loirs (Thierry sera aidé par la dégustation du Porto, du Schnaps, et d’une spécialité Tasmanienne dont je n’ai pas retenu le nom).
Quand on vous dit que les australiens sont super….. !!!!
Dominque la lyonnaise, David le spécialiste des étoiles (je sais trouver le sud, en Australie !!), Paula qui n’aime pas Quorn, et Philip l’amateur de Whisky nous laisserons un sublime souvenir… Notre plus grand cauchemar est devenu notre plus belle soirée !!!!
A demain…